Réponse de son père à Bachar al-Assad
Mon pauvre Bachar,
Je n’ai pas répondu sur le champ à tes vantardises de mai dernier pour te donner une chance de t’amender. Peine perdue ! Tu as continué à me singer au lieu de réfléchir. A ton âge, tu n’as pas encore compris qu’on ne dirige pas un pays en ressortant de vieilles recettes sous prétexte qu’elles ont marché trente ans plus tôt.
Je sais que tu as comparé l’entreprise dans laquelle tu t’es lancé depuis 3 ans à l’éradication des Frères Musulmans syriens que j’ai accomplie en son temps. Permets-moi de te dire que la comparaison n’est pas à ton avantage. Certes, ma main n’a pas tremblé au moment d’anéantir des dizaines de milliers de vies. Mais il s’agissait d’une action chirurgicale et non d’un carnage. C’était une opération ciblée, limitée dans le temps, menée à huis clos, avec une parfaite adéquation entre les moyens et le but. Gaspiller des scuds contre l’ensemble de la population civile ou la soumettre à des bombardements chimiques est une pure et coûteuse extravagance.
Je sais que tu es persuadé d’avoir, grâce à ces armes chimiques, réalisé un très beau coup te permettant de sortir par le haut de la crise que tu as déclenchée et d’être relégitimé aux yeux de la communauté internationale. Bref, tu te juges machiavélique et à la hauteur de ton cher papa. Eh bien, tu te trompes.
Premièrement, mon souci a toujours été de garantir la souveraineté et l’indépendance de notre pays. Certes, je me suis allié aux Russes contre les Américains, mais c’était une époque bipolaire où il convenait de choisir son camp. Dans un monde multipolaire, tu as, toi, permis aux Russes de rétablir leur position dans la région. Maintenant qu’ils sont dans la place et vu ton état, tu ne pourras plus t’en libérer.
C’est encore plus vrai de tes relations avec l’Iran. J’avais conclu une alliance avec ce pays, mais le rapport de force était en ma faveur. De même n’ai-je contribué à la création du Hezbollah que pour disposer d’un outil facilitant nos opérations au Liban. Avec toi, le rapport avec les Iraniens et le Hezbollah s’est clairement inversé. C’est eux, désormais, qui te dictent ta conduite et t’utilisent. Peut-être te crois-tu assez fort pour pouvoir, une fois la révolution syrienne écrasée, les bouter hors de Syrie. Il n’en sera rien. Tu resteras prisonnier des multiples liens que tu as créés et tu finiras par te prendre les pieds dedans.
Enfin, des milliers de combattants étrangers se battent désormais avec ISIS et d’autres. Tu te sens sûr de toi parce qu’ayant sorti de nos geôles les salafistes les plus dangereux, tu as conclu une alliance de fait avec ces jihaddistes contre les révolutionnaires modérés. Tu es fier de toi parce que la présence de ces combattants et d’al-Qaïda sur notre territoire te fait de plus en plus paraître comme un moindre mal aux yeux des Occidentaux – qui, je te l’accorde, ne demandent qu’à s’aveugler. Tu es persuadé que l’idée s’imposera qu’il vaut mieux te garder à la tête de l’Etat. Et, qui sait si, en effet, les Occidentaux ne finiront pas par intervenir en Syrie, mais à ton côté, pour en chasser al Qaïda. Cependant, ne crois pas que ces fous de Dieu s’en iront poliment le jour où tu leur signifieras qu’ils doivent aller jouer ailleurs. Par ailleurs, comme le montrent les derniers événements, les révolutionnaires de tous acabits pourraient bien mener eux-mêmes cette opération de nettoyage anti-al-Qaïda, s’attirant ainsi la reconnaissance occidentale et rendant inutile ton maintien au pouvoir. On peut craindre qu’un rapprochement russo-irano-américain au nom de la lutte contre le terrorisme ne se fasse à ton détriment.
Pour résumer ce point, tu as bafoué la souveraineté de la Syrie en la livrant aux Russes, aux Iraniens, à Nasrallah et à al-Qaïda pour un résultat incertain. Comment as-tu pu croire que j’approuverais ta stratégie ?
Deuxièmement, j’avais doté notre pays d’un arsenal moderne, là encore pour garantir sa souveraineté. Tu as sottement décidé d’employer nos armes chimiques contre la population, alors que tu disposais d’armes moins sophistiquées et plus acceptables par la communauté internationale pour réprimer cette révolution (par exemple ce que tu fais aujourd’hui avec nos barils de TNT). En renonçant à nos stocks chimiques, à la demande des Russes et non de ton propre chef – je ne doute pas cependant que tu n’as pas commis la folie de tout livrer – tu crois pouvoir prolonger l’emprise de notre famille sur le pays. Reste que la Syrie est aujourd’hui désarmée, ce qui est l’exact contraire de ma politique.
Je vois bien également que, malgré tes amis du Hezbollah et les milices chiites, en partie étrangères (là encore !), qui l’assistent, notre armée ne parvient pas à récupérer durablement le terrain conquis par les rebelles. En outre, dans les régions sous leur contrôle, l’autorité est assurée par de petits chefs faciles à corrompre et non par les services de l’Etat. Tu n’as même pas été capable de préserver l’ordre à Qardaha, comment empêcheras-tu notre pays de sombrer dans l’anarchie ?
Troisièmement, tu détruis systématiquement la Syrie depuis trois ans : villes rasées, population massacrée – y compris les enfants –, déplacée ou réfugiée hors des frontières, champs ravagés, centrales électriques – déjà mal en point – dévastées, usines marchant au ralenti, quand elles n’ont pas été détruites. Tu viens en outre de concéder aux Russes l’exploitation de notre gaz offshore, à des conditions que j’imagine léonines. Je sais bien que Rami et toi détournez l’aide qui parvient en Syrie et qu’à la moindre levée des sanctions pour raisons humanitaire, vous récupérez tout l’argent possible pour payer tes supplétifs et regarnir vos comptes en banque. Mais as-tu conscience que, vu l’état de la Syrie, il n’y aura bientôt plus rien à piller dans le pays ?
Il est temps que tu cesses de te réclamer de moi. C’est injurieux pour ma mémoire. Car, à la différence de toi, je n’ai commis qu’une seule erreur politique : te choisir pour successeur.
Ton père désabusé et préoccupé
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Je vous remercie,madame Isabelle HAUSSER,pour ce message impeccable.En effet,si le trépassé Hafez était encore en vie,Il aurait véritablement adresser presque les mêmes paroles à son ignoble fils ingrat Bashar!
J’ai l’honneur de traduire votre article à la langue arabe,afin que les syriens non-francophones aient l’opportunité de le scruter,pour que nul n’en ignore:vous pouvez trouver la traduction dans le lien ci-dessus.
http://www.all4syria.info/Archive/124806
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7:30am@ Danny FeiglinDan you’re certainly right about the oil, but you miss the Iran faotcr. Gaddafi has no protectzia; he’s an easy mark. Syria on the other hand has the local bully, Iran, watching its back. Any war against Assad means a war against Iran.And Syria knows it, hence the attacks on the US and French embassies yesterday, they wanted to push the point. They know the US and NATO will not engage Syria because Iran is sitting in the wings, stage-right, waiting for its que. If Gaddafi had tried that, he would have found bunker-busters up his tuchus. Oh, BTW, those of you with Obama fetishes, can you please restrain yourselves when he is not the subject of Bones’ cartoon? Not everything is about him you know.Nehama, UK
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