Syria : Politics and Morals

We have made many mistakes in assessing the Syrian regime and its leader Bashar-al Assad. I have already pointed out a few of them in this blog. Our most serious mistake was probably to consider that it was simply more harshly despotic than other regimes, without seeing that its very nature differed from the dictatorships we usually compared it to.

Let’s admit that we may have been taken in by the appearance of the young dictator, reputedly schooled in the West (where he only spent fifteen months as an adult and mainly in the company of Syrians), trained as a doctor, a profession that would seem, a priori, to require some qualities of compassion and married to a young, beautiful, UK-educated Syrian with an impressive résumé (that no one ever thought to check however).

And yet there were many signs that should have awakened our caution. Nevertheless it took five months for the westerners to understand that it was useless to wait for him to change his governmental politics and, at last, call for his resignation.

Deep down, we see the Syrian regime as the oriental cousin of Tunisia or Egypt, that is, securitocracies with patrimonial power that the West put up with for economic or geopolitical reasons. But it’s more to Saddam Hussein’s or Gaddafi’s regimes that we should have, from the start, compared Bashar-al Assad’s.

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A mes lecteurs

Pas de nouvel épisode cette semaine car j’ai consacré l’essentiel de mon temps au nouveau texte que vous pouvez lire à la rubrique « actualités »

A la semaine prochaine, je l’espère.

SYRIE : LA POLITIQUE ET LA MORALE

Nous avons commis beaucoup d’erreurs dans notre évaluation du régime syrien et de son chef, Bachar al-Assad. J’ai déjà eu l’occasion sur ce blog d’en signaler quelques-unes. La plus grave est sans doute d’avoir considéré qu’il s’agissait d’un despotisme simplement plus brutal que les autres alors qu’il est en fait d’une autre nature que les dictatures avec lesquelles nous l’avons longtemps comparé.

Admettons que nous ayons pu être abusés par les apparences de ce jeune dictateur, réputé formé en Occident (alors qu’il n’y a passé que quinze mois, à l’âge adulte et n’y a guère fréquenté que des Syriens), formé à la médecine, profession qui semble a priori exiger des qualités de compassion, marié à une jeune et jolie Syrienne éduquée au Royaume Uni, dotée d’un impressionnant CV (que toutefois personne n’a jamais eu l’idée de vérifier).

Pourtant, nombreux étaient les indices qui auraient dû nous amener à nous montrer plus circonspects. Il a néanmoins fallu cinq mois aux Occidentaux pour comprendre qu’il était inutile d’attendre de lui qu’il réforme son mode de gouvernement et appeler enfin à sa démission.

Au fond de nous, nous considérions le régime syrien comme le cousin levantin du tunisien ou de l’égyptien, c’est-à-dire des sécuritocraties avec patrimonialisation du pouvoir, dont l’Occident pouvait néanmoins s’accommoder pour des raisons économiques et/ou géopolitiques. C’est davantage aux régimes de Saddam Hussein ou de Kadhafi qu’il aurait fallu, dès le début, comparer celui de Bachar al-Assad.

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A limited and legally justified military action is becoming urgent in Syria

This is the answer given by strategists when they are told of the Syrian regime’s slaughter of its people and of the deadlock the international community is facing, due to the Russian and Chinese vetoes.

1. There is a legal framework for a limited military action

Preliminary question: can the so-called “humanitarian intervention” of NATO against Serbia be transposed to Syria ? The answer is no.

On the one hand, this action was deemed questionable, even if it allowed the international community to set a number of limits: the establishment of a multilateral framework (NATO and EU in the case of Serbia); the limitation of objectives (constrain Serbia to give up Kosovo) and a set proportion between the aim and means of action.

On the other hand, after the Serbian experience – and also partly to draw a lesson from it – the UN summit of heads of state in September 2005 adopted the Responsibility to Protect (R2P).

Indeed, the UN Member States stated at the time that “Each individual State has the responsibility to protect its populations from genocide, war crimes, ethnic cleansing and crimes against humanity.” When a State fails to protect its population, because it is unable or unwilling to do it (as is the Syrian regime), the international community has the subsidiary responsibility to help protect this population from these four categories of crimes.

Of course, it is a priori the Security Council which is in charge of the implementation of this responsibility (Darfur 2006, Ivory Coast and Libya 2011). But what if the Security Council is unable to act? The R2P is a commitment of the international community towards the peoples of the world. It may be argued that the international community is bound both legally and morally by this commitment which constrains it to protect, even when one of the Permanent Members of the Security Council expresses its reluctance. (Otherwise it might be necessary to create new legal category in International Law, that of the complicity of a State obstructing the R2P for one of these four crimes.) Lire la suite

Une action militaire limitée et justifiée en droit devient urgente en Syrie

Voici ce que répondent les stratèges quand on évoque devant eux les massacres commis par le régime syrien sur son peuple et l’impasse dans laquelle se trouve la communauté internationale à la suite des vetos russe et chinois.

1. Il existe un cadre juridique à une action militaire limitée

Question préalable : l’intervention en Serbie par l’OTAN, justifiée par la notion d’ingérence humanitaire constitue-t-elle un précédent transposable à la Syrie ? Non.

D’une part, cette action avait été contestée, même si elle avait permis de poser certaines limites : un cadre multilatéral (OTAN et UE) ; limitation des objectifs (obliger la Serbie à lâcher le Kosovo) ; proportionnalité entre le but et les moyens employés.

D’autre part depuis l’expérience serbe et en partie pour tirer les leçons de celle-ci, le sommet des  chefs d’Etat à l’ONU en septembre 2005  a adopté la Responsabilité de protéger (R2P).

Les Etats membres de l’ONU ont en effet déclaré à cette occasion qu’il incombait à chaque Etat de  « protéger ses populations du génocide, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l’humanité ». Lorsqu’un Etat est incapable de protéger sa population ou se refuse à le faire (cas du régime syrien), c’est à la communauté internationale que revient la responsabilité subsidiaire d’assurer la protection de cette population contre ces quatre crimes. Lire la suite

La Russie et la Chine ont-elles mesuré les conséquences de leur veto ?

Le double veto a fermé la porte à une solution diplomatique en Syrie. Le plan de la Ligue Arabe a été soutenu par 13 pays sur 15 au Conseil de Sécurité des nations Unies, dont – il faut le noter – l’Inde et l’Afrique du Sud qui, cette fois, n’ont pas suivi la Russie et la Chine. Ce plan n’a donc pas été rejeté par la communauté internationale, il a été bloqué par les vetos russe et chinois à une résolution, dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle n’était pas très contraignante pour le régime syrien.

Ce double veto signifie que la Russie – et sans doute dans une moindre mesure la Chine, dont les explications de vote étaient plutôt modérées – est prête à tout pour défendre un régime, non seulement indéfendable moralement et politiquement, mais de toute façon perdu. Prête à une posture cynique qui la ramène à l’ère soviétique. Prête à se fâcher avec le monde arabe, à l’exception de l’Irak et du Liban « hezbollahisé ». Lire la suite

Bonne Année !

Bonne Année à tous les lecteurs de ce site !

Vive la liberté ! Viva la liberta ! comme le fit chanter Mozart à Prague dans son Don Giovanni en 1787, sachant que la population opprimée par les Autrichiens vibrerait à ces mots.

Comme vibre le peuple syrien depuis dix mois en entendant crier :   حرية

Puisse-t-il vivre sa liberté en 2012 !

History will judge us

 

History will judge us for our moral error in allowing the slaughter of the Syrian people whose only crime was to rise up against a tyrannical regime which had oppressed them for nearly forty years. History will also judge us for the political mistakes we made from the beginning of Syria’s uprising and in which we persist. What are those mistakes?

The first one is not to have perceived, from the very start, the true nature of Bachar el Assad and his regime. We believed too long in the tale of the gentle reformer prevented in his actions by his father’s old guard or his family. This brazen lie abused all those who preferred to believe in it rather than face the truth. Lire la suite