Témoignage d’un Syrien digne de foi

C’est un sunnite, extrêmement qualifié dans son domaine, plutôt réservé, calme, ne se payant pas de mots et évitant toute discussion politique. L’autre jour, pourtant, face à un interlocuteur en qui il a confiance, il a parlé librement. Pour ne pas le désigner à la rage d’un régime devenu fou et s’en prenant sans vergogne à son peuple, on synthétisera ici son propos autour de deux idées essentielles.

La première est que la répression est pire que ce que l’on en sait par les quelques témoignages et vidéos qui parviennent à sortir de Syrie. Lire la suite

Les trois leçons des événements syriens

Nous savions depuis longtemps que le régime syrien était sans scrupule et cruel.

Depuis la répression de Hama en 1982 contre les Frères musulmans, nul n’ignorait que cette dictature était prête à une répression féroce. D’autant plus féroce que les réactions internationales étaient limitées, comme si, par un accord tacite, l’Occident avait donné blanc-seing au pouvoir en place à Damas pour lutter contre l’islamisme sous toutes ses formes. Quitte à fermer les yeux sur son interprétation extensive du danger islamiste : toute contestation du pouvoir pouvait dégénérer en guerre civile (ou multiconfessionnelle) et amener au pouvoir ces extrémistes. Dans le contexte géopolitique du Proche-Orient, c’était un risque qu’aucun pays occidental n’osait prendre. Lire la suite

Un blog sur la Syrie

Pour tous ceux qui veulent en savoir plus sur la Syrie, un très bon blog , tenu par un grand connaisseur de ce pays : http://syrie.blog.lemonde.fr/

Dr Bachar et Mr Hyde

Malgré la répression en cours en Syrie depuis trois semaines, on voit encore de-ci de-là le président Bachar el-Assad présenté comme un « réformateur ». Le portrait qu’on nous en a fait à son arrivée au pouvoir en 2000 a la vie dure. Certains Occidentaux, qui soit ne connaissent pas la réalité syrienne soit sont d’une confondante naïveté, adhèrent toujours à l’idée qu’un ancien ophtalmo, aux yeux bleus, formé en partie à Londres, époux d’une femme jeune, belle et brillante, adulée par les magazines occidentaux, de surcroît d’une autre confession que la sienne, ne saurait être mauvais.

Passons sur cette accumulation de clichés digne d’un roman à l’eau de rose. Leur mise en scène a joué exactement le rôle qu’entendait lui donner le président syrien : celui d’un écran de fumée cachant l’essentiel. C’est cette image moderniste, destinée à l’Occident, qui explique qu’en France comme ailleurs, il se soit trouvé des journalistes, des hommes et des femmes politiques et de simples citoyens pour croire que, dans son discours au Parlement du 30 mars, il annoncerait les réformes réclamées courageusement par son peuple et que, notamment, il abrogerait séance tenante l’état d’urgence en vigueur depuis 40 ans. Il n’en a rien fait. Pour deux raisons. Lire la suite

Le sultan syrien

Chronique publiée sur le monde.fr le 25 mars 2011

25.03.11

À l’automne dernier, j’ai publié un roman, Petit Seigneur (éditions de Fallois). Par discrétion, pour ne pas gêner des proches, j’avais délibérément situé l’intrigue dans un sultanat dont le nom n’est jamais prononcé, mais qui s’inspirait beaucoup de la Syrie où j’avais passé trois ans. Ceux qui ont vécu au Proche-Orient ou s’intéressent à cette région et aux structures politiques qui la gouvernent l’auront compris. J’avais en outre choisi d’écrire non un roman réaliste, mais un conte oriental.

L’adjectif oriental fait rêver tous ceux qui oublient qu’il sert également à qualifier une forme de despotisme particulièrement cruelle et brutale. Dans notre confort d’Occidental, nous avons peine à imaginer ce que peut être la violence physique et mentale de ces régimes. Si j’avais écrit un roman réaliste, j’aurais dû faire le récit d’horreurs, celles que l’on trouve par exemple dans La Coquille de Moustafa Khalifé (Actes Sud, 2007). Il m’a toujours paru indécent d’utiliser littérairement les souffrances des autres quand on ne les a pas partagées dans sa chair et dans son esprit. Lire la suite

La question du voile

Malika, femme voilée, tient un discours radical qu’une féministe occidentale ne renierait pas. Cette interprétation, inhabituelle, du voile est cependant corroboré par l’interview de Hélé Béji, présidente du Collège International de Tunis au Monde, qui affirme « Le voile est une dissidence au sein du féminisme ».