Un blog sur la Syrie

Pour tous ceux qui veulent en savoir plus sur la Syrie, un très bon blog , tenu par un grand connaisseur de ce pays : http://syrie.blog.lemonde.fr/

Dr Bachar et Mr Hyde

Malgré la répression en cours en Syrie depuis trois semaines, on voit encore de-ci de-là le président Bachar el-Assad présenté comme un « réformateur ». Le portrait qu’on nous en a fait à son arrivée au pouvoir en 2000 a la vie dure. Certains Occidentaux, qui soit ne connaissent pas la réalité syrienne soit sont d’une confondante naïveté, adhèrent toujours à l’idée qu’un ancien ophtalmo, aux yeux bleus, formé en partie à Londres, époux d’une femme jeune, belle et brillante, adulée par les magazines occidentaux, de surcroît d’une autre confession que la sienne, ne saurait être mauvais.

Passons sur cette accumulation de clichés digne d’un roman à l’eau de rose. Leur mise en scène a joué exactement le rôle qu’entendait lui donner le président syrien : celui d’un écran de fumée cachant l’essentiel. C’est cette image moderniste, destinée à l’Occident, qui explique qu’en France comme ailleurs, il se soit trouvé des journalistes, des hommes et des femmes politiques et de simples citoyens pour croire que, dans son discours au Parlement du 30 mars, il annoncerait les réformes réclamées courageusement par son peuple et que, notamment, il abrogerait séance tenante l’état d’urgence en vigueur depuis 40 ans. Il n’en a rien fait. Pour deux raisons. Lire la suite

Le sultan syrien

Chronique publiée sur le monde.fr le 25 mars 2011

25.03.11

À l’automne dernier, j’ai publié un roman, Petit Seigneur (éditions de Fallois). Par discrétion, pour ne pas gêner des proches, j’avais délibérément situé l’intrigue dans un sultanat dont le nom n’est jamais prononcé, mais qui s’inspirait beaucoup de la Syrie où j’avais passé trois ans. Ceux qui ont vécu au Proche-Orient ou s’intéressent à cette région et aux structures politiques qui la gouvernent l’auront compris. J’avais en outre choisi d’écrire non un roman réaliste, mais un conte oriental.

L’adjectif oriental fait rêver tous ceux qui oublient qu’il sert également à qualifier une forme de despotisme particulièrement cruelle et brutale. Dans notre confort d’Occidental, nous avons peine à imaginer ce que peut être la violence physique et mentale de ces régimes. Si j’avais écrit un roman réaliste, j’aurais dû faire le récit d’horreurs, celles que l’on trouve par exemple dans La Coquille de Moustafa Khalifé (Actes Sud, 2007). Il m’a toujours paru indécent d’utiliser littérairement les souffrances des autres quand on ne les a pas partagées dans sa chair et dans son esprit. Lire la suite

Nouvelle question à l’auteur

Question : Sorti à l’automne 2010, quelques mois avant « le printemps arabe », Petit Seigneur était-il un roman prémonitoire ?

Réponse : Il y a quelques semaines, j’aurais répondu moins nettement qu’aujourd’hui. Le roman explique en effet que le sultanat, dont la tentative de soulèvement contre le tyran au pouvoir a été réprimée dans le sang quelque temps auparavant, n’a pu se libérer qu’avec l’intervention des troupes américaines. J’avais alors en tête essentiellement ce qui s’est passé en Iraq. En Tunisie et en Egypte, le peuple n’a pas eu besoin d’une aide extérieure pour chasser les gouvernants honnis. Jusque-là, Petit Seigneur ne semblait pas rentrer dans le cadre des révolutions arabes.
Depuis la révolte en Libye, sa terrible répression par Kadhafi et l’adoption de la résolution des Nations Unies du 17 mars, on se trouve dans une situation plus proche de celle que je décris.
La répression est du reste en marche au Bahreïn, au Yémen et en Syrie avec une violence que nous avons peine à mesurer.
En revanche, on peut dire sans réserve que ce roman était prémonitoire en ce sens qu’il montrait à la fois la réalité des dictatures au Proche Orient, la révolte de la jeunesse arabe et le potentiel révolutionnaire qu’elle constitue.

La question du voile

Malika, femme voilée, tient un discours radical qu’une féministe occidentale ne renierait pas. Cette interprétation, inhabituelle, du voile est cependant corroboré par l’interview de Hélé Béji, présidente du Collège International de Tunis au Monde, qui affirme « Le voile est une dissidence au sein du féminisme ».

Emission à Radio Notre-Dame

Lundi 31 janvier, Isabelle Hausser était l’invitée de l’émission Grand Témoin. pour commenter l’actualité égyptienne et tunisienne.
Ecoutez ou réécoutez l’émission ici

Petit Seigneur et le Proche Orient

Après la Tunisie, l’Egypte se soulève. Les autocrates du Yémen, de Jordanie et de Syrie sont inquiets. Nos sociétés démocratiques et libérales, qui ont trop longtemps fermé les yeux sur les dictatures aux portes de l’Europe, sont enfin réveillées par le courage des peuples arabes en train de se révolter.
Petit Seigneur dénonçait dès cet automne ces régimes et notre aveuglement en créant un sultanat fictif où une dynastie élective fait régner la peur. Le gouvernement du sultan qui pèse sur le destin des personnages ressemble comme un frère à ces « sécuritocraties » aujourd’hui contestées par leurs peuples.

Isabelle Hausser

Ancienne haut fonctionnaire, Isabelle Hausser est avant tout romancière, mais a gardé un regard politique sur les choses. Auteur de neuf romans. Ceux-ci se passent généralement dans l’un des différents pays du monde où elle a vécu et qui ont nourri son imaginaire et sa réflexion.
Petit Seigneur s’inscrit, selon elle, dans la continuité de son premier roman, Célubée.
Isabelle Hausser est aussi traductrice de l’anglais et de l’allemand.