Seconde Lettre de Bachar al-Assad à son père
Cher Papa,
Je n’ai pas répondu à ta dernière lettre, extrêmement blessante. D’autant que, lorsque je l’ai reçue, les choses, effectivement, n’allaient pas si bien pour moi. Mais deux ans ont passé et, contrairement à ce que tu pouvais redouter, je suis toujours là.
Je sais que tu vas me dire que je règne sur un pays en lambeaux, que notre armée n’est plus ce que tu en avais fait et que j’ai bien du mal à recruter de nouveaux soldats. A croire que, soudain, le pays s’est vidé de ses jeunes hommes. Mais ne t’attache pas à ces détails : on ne peut plus gouverner la Syrie comme à ton époque. Considère plutôt le tour de force que constitue mon maintien au pouvoir dans des conditions très difficiles.
Pour commencer, de moins en moins de voix s’élèvent dans le monde pour réclamer mon départ. Ceux qui craignent de se déjuger se bornent à dire que je dois rester au moins temporairement afin d’assurer la pérennité des institutions (comme si toi et moi ne les avions pas perverties depuis plus de quarante ans !). Beaucoup n’hésitent pas à dire que, certes, j’ai du sang sur les mains, mais que je suis aujourd’hui un moindre mal et qu’il est donc impératif de me maintenir au pouvoir. Lire la suite