Nouvelle question à l’auteur
Question : Sorti à l’automne 2010, quelques mois avant « le printemps arabe », Petit Seigneur était-il un roman prémonitoire ?
Réponse : Il y a quelques semaines, j’aurais répondu moins nettement qu’aujourd’hui. Le roman explique en effet que le sultanat, dont la tentative de soulèvement contre le tyran au pouvoir a été réprimée dans le sang quelque temps auparavant, n’a pu se libérer qu’avec l’intervention des troupes américaines. J’avais alors en tête essentiellement ce qui s’est passé en Iraq. En Tunisie et en Egypte, le peuple n’a pas eu besoin d’une aide extérieure pour chasser les gouvernants honnis. Jusque-là, Petit Seigneur ne semblait pas rentrer dans le cadre des révolutions arabes.
Depuis la révolte en Libye, sa terrible répression par Kadhafi et l’adoption de la résolution des Nations Unies du 17 mars, on se trouve dans une situation plus proche de celle que je décris.
La répression est du reste en marche au Bahreïn, au Yémen et en Syrie avec une violence que nous avons peine à mesurer.
En revanche, on peut dire sans réserve que ce roman était prémonitoire en ce sens qu’il montrait à la fois la réalité des dictatures au Proche Orient, la révolte de la jeunesse arabe et le potentiel révolutionnaire qu’elle constitue.